fluo récent
Nous éteignions le récepteur. Nous assistions à une émission dite d'information sur une chaîne dite de service public. Le présentateur ou la présentatrice, encore aurait-il fallu que j'eusse fait preuve de plus de vigilance, finissait son animation dans un large sourire plein de dents, tout en dodelinant de la tête à chaque syllabe, pensant vraisemblablement que c'est ainsi qu'on adresse la parole à des petits enfants, non-francophones de surcroît.
L'intense blancheur de cette dentition me fascinait et je m'enquis tout de go auprès de ma blonde.
-Comment trouves-tu mes dents Princesse ?
-Normales... fut sa réponse sobre et pertinente délivrée juste après le laps de temps nécessaire à la réflexion dans ce type de situation.
J'en étais sûr. Mes dents sont normales, les leurs sont blanches. De quoi avait-on pu nous entretenir lors de cette exhalation de pixels ? Je devais rassembler mes esprits et me débarrasser de cette image de leurs rictus éburnéens ?
La baisse de la consommation de manèges chez les nippons s'interrogeant c'est comment qu'on freine sur une Totoyota, la ligue des lampions, et la météo ben c'est pas le printemps pour tout le monde, bref tout va pas très bien nous fit-on savoir.
Maintenant, j'en étais sûr, il s'agit d'un complot. Le complot des dents blanches du sourire entendu. L'odieux personnage, dont les émoluments viennent en partie de ma poche, tentait dans une factice kinésie faciale, de nous intégrer dans une complicité de mauvais aloi genre c'est pas à nous qu'on la fait. Comment pouvait-il en être autrement alors que, jour après jour, ce pays disparaissait, noyé dans un tsunami de fluorescents gilets jaunes voire oranges. Oserais-je, jaunes devant, marron derrière au regard des tractations avant, le deuxième tour. Je m'empressais de partager ma circonspection quant à ce Titanic télévisuel et sociétal avec ma compagne qui m'enjoignit de finir cette tarte fine aux pommes, miel et cannelle avant qu'elle ne le fît parce qu'elle en avait décidément trop pris. J'obtempérais...
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