Eloge de la fuite
J'en rajouterai une couche en utilisant cette intéressante
représentation, rapportée par Antonio Gramsci, de l'énergumène
qui faisait mentionner sur sa carte, n'ayant rien d'autre à proposer,
un simple mot : contemporain.
Je fais rien mais j'y suis aurait-il pu rajouter ou j'y suis et j'ai tout vu.
Fascinant, on dirait du Gérard Holz (au hasard).
Fascinant et dangereux comme le souligne régulièrement Finkielkraut
(oui, je confesse des lectures bizarres avec Houellebecq, Dantec,
Paul Valéry pour ne citer que ceux-là, (dernièrement je rajoutai Régis
Debray provoquant un début d'étranglement d'une partie de mon
auditoire, ces auteurs écrivant loin de leur nombril.) car cet individu,
notre contemporain quidam, ne réagit qu'aux injonctions de l'actuel.
Tourner en rond au centre de l'actuel, de la mode, du branché,
du tendance, du fugace, de l'éphémère, de l'évanescent,
de l'instantané, de l'inconstant, en admirant le nombril susnommé.
Merci. Servi.
La fuite dont je
parle, n'est qu'une mise à l'écart de ma
petite personne de cette médiocre contemporanéité qui ne
m'inspire guère. Et je ne peux concevoir cette fuite organisée qu'en
sentant la main de l'être aimé serrant fermement la mienne dans
l'indicible intimité du deux.
Oui je fuis dans l'abhorration de cette actualité sans cesse
renouvelée du vide.
La fuite, dans son mouvement, permet une chose essentielle :
éliminer le gras.
Il doit en être de même pour la pensée. Toujours se déplacer,
parcourir la distance nécessaire. Sinon on fabrique du gras.
Une pensée grasse produite par des esprits immobiles.
Alors je fuis les esprits immobiles.
Cette distance c'est mon moteur.
Vavavoum...