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Exilythiques
15 février 2010

ne coupez pas

28_02_2010

Elle m'avait dit emmène-moi au cimetière. J'y voyais pas d'inconvénient. J'aime bien les cimetières. C'est calme. Statistiquement, y a pas de secret, c'est là qu'on habite en dernier ressort. Enfin quand il est cassé pour de bon. Faut s'y habituer assez tôt, un peu comme le réveille-matin. J'ai pris mon casque et j'ai préféré sortir côté jardin. J'ai fait le tour. J'avais pas rangé la  Ducati dans le garage. Je l'ai saisie par le guidon, relevé la béquille latérale, poussée discrètement malgré ses 200 kg. Pauline m'a rejoint.
-Vite ! elle m'appelle pour savoir si j'ai fini mes devoirs qu'elle m'a sorti en pouffant.
-Elle a l'air fâché lui ai-je demandé ?
-Trop grave ! fut sa réponse.
Un coup de kick et j'ai envoyé.   
Au-dessus de la 184, ça s'amoncelait dans les noirs. Les nuages semblaient bien rangés comme sur un parking de Carrefour prêts à nous déverser des caddies plein de flotte sur la tête.
Aucun rayon de soleil n'aurait pu remplacer celui assis derrière moi. Ma fille. Je l'avais vue sortir du ventre de sa mère. Quelle affaire ! Elle a commencé sa crise d'adolescence à ce moment-là. Je pouvais la tenir sur mon avant-bras, sa tête reposant dans la paume de ma main.
Maintenant, elle me serrait contre elle en hurlant plus vite papa, plus vite. Et j'obtempérais.  Entre ces deux moments, ça restait confus. Les mômes, faut bien serrer les boulons  au départ. Puis les aimer. Les aimer. Les aimer. Sa mère aimait les boulons desserrés ou aimait desserrer les boulons. Je sais plus. Ca louvoyait même en ligne droite.
On a contourné l'église. Arrivés devant le cimetière, j'ai posé la Multistrada devant la grille, là où c'est écrit en japonais.
Elle est allée voir son grand-père. Je crois qu'elle lui parlait. Je suis allé voir les frères Van Gogh. Y a des satrapes qu'avaient mis de l'encens, au milieu du lierre,  sur la tombe de Théo. J'ai senti les premières gouttes. Elle est arrivée par derrière, m'a attrapé la main. Elle avait déjà enfilé son casque. Le vieux lui manquait. Moi, je savais pas. Ca viendra. Elle m'enlaçait et j'étais vivant.
En rejoignant la nationale elle a braillé fais-moi peur ! Alors j'ai essoré la poignée comme on dit dans les magazines spécialisés...

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Commentaires
F
Là, j'peux plus rien essorer...
B
J'aime bien cette expression " Quand j'ai essoré " On voit bien le mouvement.
B
Et ce bras ? (Mouais... ?)
F
Mouais....
M
Ouais, génial, l'éclate totale ...
Exilythiques
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