médiocratie
Pendant la nuit, la tempête et le mal de mer avaient
fait rage ; à présent, on était assis sur le pont, par
une mer calme, dans le beau soleil matinal et l'on se
réjouissait à l'idée de prendre un petit déjeuner. Alors,
une petite fille se leva à l'autre extrémité du long banc,
courut jusqu'au bastingage et vomit. Une seconde plus tard,
sa mère qui était assise à côté d'elle se leva et fit de
même. Immédiatement après ce fut le tour du monsieur
à côté de la dame. Puis un jeune garçon, puis... le
mouvement se propagea de manière uniforme et rapide
le long du banc. Personne n'y échappa. A l'extrémité où
nous étions, on était encore hors d'atteinte : on regardait,
l'air intéressé, on riait, on prenait un air narquois. Et puis
les vomissements se rapprochèrent, les rires se turent,
et de notre côté aussi, on courut au bastingage. J'observais
attentivement autour et à l'intérieur de moi. Je me disais qu'il
existait bien quelque chose comme une observation objective
et que j'y avais été formé, qu'il existait une volonté ferme, et
je me réjouissais à la perspective du petit déjeuner-cependant,
mon tour arriva et je fus contraint de me précipiter au
bastingage exactement comme tous les autres. VK
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